Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/189

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LA MESNAGERIE DE XENOPHON 103 grand plaitir feroit, li tu pouuois te monitrer meilleure que moy, & me faire par ce moyen moindre que toy, _ & aucunement ton fubiet. Ainfi il ne te faudra point 35 craindre, quand tu feras plus auant en l’aage, que tu en fois pourtant moins honnoree en la famille; ains feras affeuree qu’eftant plus agee, d’autant que tu feras .en mon endroit plus loyale compagne, & à noz l enfants plus fidelle treforiere de noitre bien, de tant 40 feras tu en plus grand honneur & reputation à ceux de la maifon. Car, de vray, luy dis ie, tout ce qui eft de bel & bon en la vie des hommes leur vient &. iïaugmente par la vertu, non point par la fleur de la ieuneffe ny Lwuzu. la beauté. Voilà, ô Socrates, ce que ie penfe auoir 45 retenu du propos que ie luy tins premierement. Et t’apperceus tu point, luy dis-ie lors, ô Ifchomache, Chap. 14. que cela l’efmeut aucunement à auoir foing? Ouy ie t’afl`eure à. bon efcient, me dit il adonc, & parfois l’ay ie veuë Pen mordre les leures & en rougir bien fort, 50 quand ie demandois chez moy quelque chofe qu’on y euft p.orté, ii elle ne le me pouuoit bailler prompte- ment. Et vn iour, la voyant fe fafcher en foy mefme pour vne telle occafion, ie luy dis: Ne te pafîîonne point, ma femme, p.our ce que tu ne me peus donner 55 ce que ie te demande. Quand on a faute de quelque chofe qui faiét befoing, c’eft vraye & expreffe pau- ureté: mais de ne pouuoir trouuer ce qu’on a, quand on le cherche, ce defaut eft moins defplaifant que quand, lors mefme qu’il feroit meftier, on ne le cherche 6o point, fçachant qu’on ne l’a pas. Maintenant de cefte fafcherie tu n’en es pas caufe, mais moy, qui t’ay baillé en main tout ce mefnage, fans ordonner où il falloit