Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA MESNAGERIE DE XENOPHON x 15 me trouuerois tu plus eftimable compaignon en celte communauté, ou bien il ie mettois peine de rendre mon corps plus fain &.plus fort, & Pentretenir en ce 35 point, & par ce moyen ie te demeure entier, & naïf en ma naturelle couleur; ou fi me frottant la face du ius de vermillon, ie me prefentois ainii deguifê auec toy, pour te piper &. faire voir & tafter le vermillon en lieu de moy 8L de ma peau ? la à Dieu ne plaife que 40 i’aymaffe mieux toucher au vermîllon que à toy, ou que ie veiffe plus volontiers aucune peinture que ton teint, ou que ie prinffe plus de plaifir à regarder des yeux illuminez autour de couleurs empruntees, que fains & naturels. Penfe doncques, ma femme, qu’au- 45 tant t’en dis—ie de mon cofté, que la couleur de ceruze ny du fard ne me plait pas tant que la tienne. Et, pour vray, tout ainli que les Dieux ont fait que la plus belle & aggreable compagnie qui foit aux cheuaux c’eft des cauales, & aux bœufs des vaches, & au menu 50 beftail des femelles de leur efpece; tout de mefme p l’homme ne trouue point de forme fi belle, ne fi plaifante que celle du corps de la femme pur & naïf. Aufli ces tromperies là pourroient bien parauenture tromper les eftrangers fans eftre defcouuertes; mais 55 ceux qui viuent touiiours enfemble, ils ne pourroient faire qu’ils ne fuffent prins fur le faiét, fils entrepren- nent de fe piper l’vn l’autre. Car ceux-là ou bien ils Comment . . . . kdqèouurc font furprms en fe leuant du liét, premier qu’au01r lefard. acheué leur appareil, ou font conuaincus par la fueur, 60 ou decelez par les larmes, ou au fort le bain & l’eituue en font la raifon de les defcouurir au vray. Et par ta foy, dis-ie, que te refpondit elle à cela? Rien autre