Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/206

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120 ESTIENNE DE LA BOÉTIE propos par là mefme où tu l’au0is commencé. Par quel moyen entretiens-tu ta fanté? comment la force du corps? comment t’eft-il poiïible de te fauuer hon- neitement des perils mefmes de la guerre? Et apres tout cela, ie feray content, dis-ie, d’ouir parler de ta 5 mefnagerie. Mais font bien, dit il, ô Socrates, toutes ces chofes là liees enfemble, & ûentrefuiuent l’vne l’autre : car, depuis qu’vn homme a de quoy manger <<%_,îflây tant que la nature requiert, il me femble, iiil trauaille, uqm na- que fa fanté en eit plus aiïeuree; iiil trauaille, fa force TO ulamm mefme luy croiftg Fil Dexerce au faiét des armes, il fe fauue plus honorablement; & f>il a bien le cœur à fes affaires & ne face de fait point du lafche ny du pareiieux, fon bien ne faudra point d’augmenter entre fes mains. lufques à là te fuys ie bien, ô Ifchomache, IS dis ie lors, que, felon ton dire, à vn qui trauaille, qui A qui c’;jl elt foigneux, qui Dadreiïe & exerce, le bien luy vient quîzlîlâm touiiours plus toit qu’à vn autre; mais i’orrois bien volontiers de toy encores d’auantage, Fil te plaifoit i me faire entendre quel eft le trauail dont tu vfes pour 20 la fanté & pour la force, comment tu t’adreiï`es aux armes, comment tu mets ordre que tout abonde chez toy ii fort, qu·e tu en peus aider tes amis & affeurer la ville. Premierement doncques, ô Socrates, dit Ifcho- mache, i’ay accouitumé me leuer du liét à l’heure 25 que ie penfe trouuer encores chez luy celuy à qui i’ay affaire, ii d’auenture i’ay quelqu’vn à voir ce matin'; & fi i’ay quelque chofe à defpecher par la ville, ie prens cela pour mon pourmenoir, & pour mon exercice. Mais, ii ie n’ay en la ville aucun affaire preiïé, i’enuoye 30 mon laquais deuant pour mener mon cheual au village,