Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/221

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LA MESNAGERIE DE XENOPHON 135 doit premierement cognoiftre la nature de la terre. Et difent bien à mon aduis, ce dis-ie; car, qui ne fçait ce que la terre peut porter, fçaura aufïi peu, ie croy, 35 ce qu’il faut femer, ny ce qu’il faut planter. ©r eft il, gw! e/1 _¤;~fë dit Ifchomache, bien ayfé à cognoiftre, ouy bien en la ceïïâîlzogîfe terre mefme d’autruy, ce qu’elle peut'porter ou non, Éeï,t,îÃ,T:,îl, en voyant les fruits & les arbres; puis, quand on la cognoit, il ne fert plus de rien d’ores en là combattre 40 la nature: car qui n’aura efgard qu’à femer ou planter ce que luy fait befoing ne tirera pas fi bien fa vie de la terre, comme d’y planter ou femer' ce qu’elle fe · plairoit de porter & nourrir. Mais quand la terre, par la nonchalance de celuy qui la tient, ne peut declairer 45 fa portee, fouuent aduient il que par la terre voiline on en peut cognoiftre la verité mieux qu’on ne fçauroit entendre par le voiiin mefme. Ouy bien encore, lors mefme qu’elle eft en, friche, elle reprefente fa nature: car celle qui porte des herbes fauuages, belles SL bien 50 nourries, fi on l’entretenoit, elle en pourroit bien porter des belles domeftiques. Ainli donc, ceux là mefmes qui ne font guieres experts en Pagriculture peuuent bien difcerner le terroir. Deiià doncques, dis-ie, i’ai gaigné ce point, ô Ifchomache, que ie me 55 fais fort qu’il ne faut pas que ie laiffe de vacquer à Pagriculture, de peur que ie ne fçache bien cognoiftre le naturel des terres. Aufü certes il m’eft fouuenu des ·Exwï1¤ des pefcheurs, pour ce qu’encor que leur fait foit fur 1)% mrs. l’eau, fans ce qu’ils Darreitent, ny aillent plus beau, 60 pour fe prendre garde des terres, ains outrepaffent tout courant, fi eft ce, quand ils voyent en paffant les fruits fur la terre, qu’ils ne font pas diiïiculté d’er1