Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/253

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beuuans & mangeans auec eux, leur enſeignent à ſe Beaux aduertiſſements. traitter à leur ayſe quand elles ſeront ſeules. Et de meſmes, ceux qui ne prennent pas plaiſir de coucher 35 auecques leurs femmes, & qui ne leur font point de part de leur paſſetemps & du rire, leur apprennent de cercher ailleurs, ſans eux, leurs plaiſirs & voluptez.

Les femmes eſpouſes des Roys de Perſe ſe fient à XVI. table au diner, & prennent auec eux leurs repas ; mais 40 lors qu’ils veulent folatrer & boire d’autant, ils les en enuoyent, & font venir les chantereſſes & femmes diſſo luës. Et certes c’eſt bien fait à eux, de quoy ils ne font part à leurs femmes de la diſſolution de l’yurongnerie. Doncques ſi quelque autre, encores qu’il ne ſoit ny 45 roy ny officier, pour eſtre diſſolu & abandonné aux voluptez, fait d’auenture quelque faute auecques la garçe ou la chambriere, il ne faut pas que la femme ſ’en tourmente ny ſ’en paſſionne, ains qu’elle aye ceſte conſideration, que, pour la honte qu’il a d’elle, il va 50 yurongner auec vne autre, & faire en la compaignie de celle là ſes folies & inſolences.

Les Roys qui ayment la muſique font beaucoup de XVII. muſiciens ; ceux qui ayment l’eloquence, pluſieurs eloquens ; ceux qui ayment la luitte, pluſieurs bons 55 luitteurs : ainſi, ſi le mary ſe ſoucie oultre meſure du corps, il eſt cauſe que la femme ſe farde ; ſ’il ayme trop Tel qu’eſt le mary, telle eſt ſouuent la femme. ſon plaiſir, il la fait diſſoluë & mal viuante ; ſ’il ayme toutes choſes bonnes, il la rend chaſte & honneſte.

Quelqu’vn demanda à vne fille de Sparte, nouuelle XVIII. Apophthegme d’une nouuelle mariee. 60 mariee, ſi deſià elle auoit eu affaire à ſon mary : Non (dit-elle), mais ouy bien mon mary à moy. C’eſt, à mon aduis, la façon que doit garder la femme, de ne refuſer