Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/277

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LETTRE.DE coNsoLAT1oN A 191 fource d’où part le plaiiir defmefuré ? Et quelle raifon peuuent auoir pluiieurs marys d’entrer en querelles auecques leurs femmes pour les garder de porter des 35 fenteurs SL de l’ecarlate, fi apres ils leur accordent de Ancienne' fe tondre pour le deuil, de prendre nouuelle teinture Éûçëzflî de robe noire, de demeurer en vn lieu afïifes ou dmh mal couchees, fans fe bouger, chofes certainement » toutes indignes SLmal auenables? Et, ce que ie trouue 40 encores plus nouueau, n’eft ce pas chofe eftrange de voir qu’alors que les femmes frappent SL tourmentent . les valets SL les chambrieres, outre mefure SL fans· raifon, les marys empefchent cela SL les en gardent; SL quand elles mefmes font viuement tormentees SL 45 cruellement par elles mefmes, ils n’en font aucun compte, SL les laiiïent à ce befoing SL en ce trouble d’efprit, où elles auoient befoing de la bonté SL dou- ceur d’eux SL de leur courtoiüe? Mais entre nous, ô ma femme, nous n’auons iamais 5o encores eu debat aucun pour ces chofes: fi n’aurons b nous pas à cette heure pour cefte icy, à mon auis. Car L’ho1uzew· il n’y a vn feul des philofophes qui nous ont hantez Pluzzîquc SL cogneus, qui ne fe foit efmerueillé de l’honnefte f£Zf,,î!°g humilité de ton accouftrement SL de la moderation 55 SL façon reformee de ta vie; SL n’y a pas vn de noz citoyens, à qui ton honnefte fimpleiïe aux eglifes, aux facrifices, aux theatres, ne ferue d’exemple SL de miroir. Et d’autre fois, à vn pareil befoing qu’à cefte heure, tu fis cognoiftre vne grande affeurance d’efprit · 6o SL fermeté de cueur, lors que tu perdis l’aifné de noz enfants, SL encores depuis, alors que noltre beau Charon nous abandonna. Car il me fouuient qu’on me