Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/341

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VERS FRANço1S 255, Ainli voit l’0n en vn ruifleau coulant NO Sans fin l’vne eau apres l’autre coulant; Et tout de rang d’vn eternel conduit, L’vne fuit l’autre, & l’vne 1’autre fuit : Par celte cy celle là elt poullee, Et celte cy par vne autre auancee : 115 Touliours l’eau va dans l’eau, & touliours elt-ce. Mefme ruilïeau, & touliours eau diuerfe. Certes celuy que la Mule amiable Voit en nailïant d’vn regard fauorable, Si mille & mille auant luy ont chanté _ [20 Ce qui luy elt à chanter prelenté, · La melme chofe encore il chantera, Et la chanfon toute neufue fera : Si en vn lieu apres plulieurs il paffe, En y epaflant il efface la trace. 125 Touliours depuis que la voye elt tracee, Plus on y palïe & plus elle elt aifee. Doncques ie croy qu’il ne faut iamais craindre Que d’inuenter le fons on puille attaindre. Ainlî ie n’ay onq aymé de changer 130 En noltre langue aucun œuure eltranger, Et i’ayme mieux de moymelmes efcrire Quelque œuure mien, encore qu’il foit pire. Et quelquefois, ô ma grand’ Marguerite, Si ie traduis, ma plume Ben dépite, 135 D’eüre alferuie à tourner vn ouurage, Qui n’elt pas mien, en quelque autre langage. i Mais à ce coup, par ton commandement, · Ie t’ay tourné le deuil de Bradamant : Bien qu’à tourner ma Mule loit craintiue,