Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/344

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Ou que le char fe desbauche & demeure, Laissant le train qu’il a toufiours tenu. Plus chafque nuiét, plus chafque iour lui dure, Que le grand iour que le ciel retenu 30 Fut par l’Hebrieu, pour fa foy & conitance, Ou que la nuict qu’Hercule print naissance. Combien de fois, combien elle eut d’enuie Sur l’ours, les glirs, les taissons endormis! Car de dormir elle eut eu grand’enuie, 35 Sans Defueiller de tout le temps promis, Et que d’ouïr chofe que l’on luy die, Fors que Roger, il ne luy fuit permis : Mais tant ûen faut qu’ainli elle demeure, Qu’ell’ ne dort pas toute la nuict une heure. 40 De çà de là par la fafcheufe plume Elle se vire, & n’a point de seiour : Vers la fenestre elle va par coustume, Pour auancer, fi elle peut, le iour, Pour espier si l’aube se rallume, 45 Semant ses lis & ses roses autour. Puis tout autant, lors que le iour eft né, Veut voir le ciel des estoiles orné. Quand elle fut à quatre ou cinq iours pres, Lors en fon cœur l’esperance certaine 50 Luy promettoit que d’heure à autre apres Quelqu’un diroît: Voici Roger qu’on meine. Elle monta mille fois les degres D’une grand’ tour qui descouuroit la plaine, Et les forests & chemins qu’elle pense 55 Qu’on peut venir à Montaulban de France. S’elle de loing voit quelque arme qui luise,