Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/360

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274 ESTIENNE DE LA BoÉT1E U X Ores ie te veux faire vn folennel ferment, Non ferment qui m’oblige à t’aimer d’auantage, Car meshuy ie ne puis; mais vn vray tefmoignage A ceulx qui me liront, que i’aime loyaument. C’eft pour vray, ie viuray, ie mourray en t’aimant. 5 Ie iure le hault ciel, du grand Dieu Pheritage, Ie iure encor l’enfer, de Pluton le partage, Où les pariurs auront quelque iour leur tourment; Ie iure Cupidon, le Dieu pour qui i’endure; Son arc, fes traiêts, fes yeux & fa trouffe ie iure : 10 Ie n’aurois iamais fait : ie veux bien iurer mieux, I’en iure par la force & pouuoir de tes yeux, Ie iure ta grandeur, ta douceur & ta grace, Et ton efprit, l’honneur de cette terre baffe. XI << Ie fçay ton ferme cueur, ie cognois ta conftance : Ne fois point las d’aimer, & fois feur que le iour, Que mourant ie lairray noftre commun feiour, Encor mourant, de toy i’auray la fouuenance. 1’en prens tefmoing le Dieu qui les foudres eilance, 5 Qui ramenant pour nous les faifons à leur tour,