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420 APPENDICE Longtemps cette nouvelle traduction passa pour différente de celle de 1554 et les bibliographes regardèrent La Boétie comme le troisième traducteur français de l’opuscule d’Aristote. Ceci s’explique par l’extrême rareté de l’une et l’autre plaquettes qui empêchait de les rapprocher. Mais M. Egger, ayant eu l’occasion de comparer la traduction de Bounin qu’il avait rencontrée dans la bibliothèque de son confrère M. B. Hauréau, a celle qu’on attribue à La Boétie, n’eut pas de peine à reconnaître que ljune n’était que la reproduction de l’autre. Mis à. même, à notre tour, de · conférer les deuxtextes, grâce à Pextrême obligeance de M. Hauréau, nous n’avons pu que confirmer les assertions du savant helléniste. Comme l’écrivait M. Egger en exposant les résultats de sa trouvaille (1), Claude Morel aurait donc été l’auteur ou la victime d’une supercherie, lorsque, en 1600, il ajoutait cet opuscule a la collection des œuvres de La Boétie, et c’est à Gabriel Bounin que reviendrait l’honneur, sl mince qu’il soit, de cette Propriété. _ Le premier point nous semble certain. La supercherie est patente : elle résulte de ce fait que Claude Morel a servilement reproduit le libelle . de 1554, en omettant la dédicace, c’est-à-dire le seul document qui pût faire deviner le véritable auteur (2). De plus, il est fort téméraire, à notre avis, de dire que La Boétie ait jamais traduit Aristote. Personne ne parle de cette prétendue traduction avant la publication de Claude Morel, et Montaigne était trop soucieux de ` la gloire de son ami pour manquer de la reproduire dans son recueil de 1571, où il avait ramassé vert et sec tout ce qui sortait d’une plume si chère. Si cette traduction avait vraiment appartenu à celui qu’il pleurait, comme elle était imprimée depuis quinze ans déjà, il l’aurait assurément connue et n’aurait pas omis d’en dire tout au moins quelques mots. Enfin, comme le remarque judicieusement M. Egger, si La Boétie est Pauteur de cette traduction, comment expliquer qu’ayant traduit deux ouvrages sur le même sujet et portant tous deux en grec le même titre, il ait intitulé celui de Xènophon la Mesuagerie et celui d’Aristote les Eco- nomiques ? Claude Morel avait si bien compris Panomalie, qu’il avait mis sur le titre de son volume le seul nom de-Mesnagerie, quitte à laisser reparaître, un peu plus loin, le nom cfœconomiques. Quant à Pargument en faveur de Bounin contre La Boétie que M. Egger veut tirer du langage modeste de ladédicace, il ne nous paraît pas concluant. En 1554, La Boétie était à peine conseiller au Parlement de Bordeaux, où il prêta serment dans le courant de mai de la même annee, et non en 1550 . comme M. Egger l’écrit par erreur. Il était alors presque aussi jeune et aussi inconnu que Bounin. N.ous ne voyons pas en quoi le sentiment de son inexpérience messied à un magistrat de vingt·quatre ans, qui promettait plus qu’il n’avait donné jusqu’alors. Mais ceci n’intirme en rien les conclusions logiques du raisonnement de M. Egger, qui sont aussi les nôtres. On ne peut nier que Pédition de 1600 ne soit la reproduction très exacte, maladroite même à force d’exactitude, (1) D’ab0rd dans les Annales de la Facullë dcr Lettres de Bordcuux, année 1880, p. 8;, et ensuite dans les Mémoire: de l’.4radùni¢ des Inrcrqvliunx et Bcllcx-Lciim, t. XXX, 1*¢ partie, P.(4i§9«'¤ir plus loin Nam bibliographique:.