Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/97

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I2 ESTIENNE DE LA BOÉTIE feruitude : la feule liberté, les hommes ne la deiirent point, non pour autre raifon, ce femble, Iinon que f>ils la defiroient, ils l’auroient, comme Dils refufoient de faire.ce bel acqueft, feulement par ce qu’il elt trop aifé. 5 Pauures` & miferables peuples infenfes, nations opiniaftres en voftre mal &. aueugles en voftre bien, vous vous laiffes emporter deuant vous le plus beau & le plus clair de voftre reuenu, piller vos champs, voller vos maifons & les defpouiller des meubles IO anciens & paternels! vous viues de forte que vous ne vous pouues vanter que rien foit à vous; & fem- bleroit que meshui ce vous feroit grand heur de tenir à ferme vos biens, vos familles & vos vies; & tout ce degaft, ce malheur, cette ruine, vous vient, non pas l5 des ennemis, mais certes oui bien de l’ennemy, & de celui que vous faites fi grand qu’il elt, pour lequel vous alles fi courageufement à la guerre, pour la grandeur duquel vous ne refufes point de prefenter à la mort vos perfonnes. Celui qui vous maiftrife tant 20 n’a que deus yeulx, n’a que deus mains, n’a qu’vn vA1z1Ai~1·rEs 2. « non pas pour ». 14. « de tenir à moitié ». — Re- 2. «finon pource que fiils le uzillc-Matin .· « de tenir à mef~ deûroient >>. tayrie ». 3. « comme f~ils refufoient faire 16. « mais bien certes ». — Re- ce bel acqueft ». ueillc—Matin: « mais certes bien ». 6. «Pauuresgens&miferables». 1g. « de mettre à la mort » ~—-Reucillz—Matin.· « Poures & mi- (R.-M,). ferables Français, peuple infenfé! 22. «le moindre hommedugrand nation opiniaftre en ton mal 8: nombre inliny de vos villes: fixîon aueuglee en ton bien ». qu’il Z1 plus que vous tous, c'eft 11. « vous viuez de forte que Fauantagc que vous lui faites pour vous pouuez dire que rien n’e(t à vous deftruire».—Rcucz'lle-Matin: vous);. «finon qu’il Z1 plus que vous tous