DE LA SERVVFUDE VOLONTAIRE ll fi on ne leur baille rien, fi on ne leur obeït point, fans combattre, fans frapper, ils demeurent nuds & detïaits & ne font plus rien, finon que comme la 25 racine, n’aïans plus d’humeur ou aliment, la branche deuient feche & morte. Les hardis, pour acquerir le bien qu’ils demandent, ne craignent point le dangier; les aduifes ne refufent _ point la peine: les lafches 8L engourdis ne fçauent 30 ni endurer le mal, ni recouurer le bien; ils Darreftent en cela de les fouhaitter, & la vertu d’y pretendre leur eût oltee par leur lafcheté; le defir de l’auoir leur demeure par la nature. Ce defir, cefte volonté eft commune aus fages & aus indifcrets, aus courageus 35 & aus couars, pour fouhaitter toutes chofes qui, eftant acquifes, les rendroient heureus & contensz vne feule chofe en eft à dire, en laquelle ie ne fçay comment nature defaut aus hommes pour la defirer, c’eft la liberté, qui eft toutesfois vn bien fi grand ôt fi plai- 40 fant, qu’elle perdue, tous les maus viennent à la file, & les biens mefme qui demeurent apres elle perdent entierement leur gouft &. fçaueur, corrompus par la vmzmxres il fe confume foy mefme & deuient gz. «dele f0uhaiter».—-Reueille· fans forme aucune & n'cft plus feu ». Matin : « & fiarreftent en cela de le —Reucille-Matin : « n’ayant plus fouhaitern. que confumer, il fe confume foy gi. ala vertu d`y pretendre leur mefme, & vient fans force aucune eft oftee par celle lafcheté » & n’e[t plus feu ». (R.-M.), 18. « plus exigent » (R.-M.). · gg. «lefquellcs eftant acquifes, les 20. « d`autant plus um. rendront heureus » (R.-M,). 24. «(inon comme la racine citant 36. «vne feule en eft à dire, en fans humeur ou aliment, la branche laquelle ie ne fçay comme nature deuient feche & morte » (R.-M,). defaut aux hommes pour la de- 29. « les lafches & e1't0urdis» firer». (R.-M,). gg. «Ii grand & pl:1ifant».
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