Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

frande, on les vestit, on les couronne. Qu’on commence de faire cela même aux tapisseries des maisons, et commencera de réprouver la tapisserie. Ainsi il est aisé à voir que ce qui offense les protestants n’est pas la chose, car [autrement] ils la trouveraient mauvaise partout, mais l’usage. Donc que nuira-t-il d’ôter ce qui ne sert de rien à nous et à eux leur fait un grand scrupule et les jette hors de l’Église ? Conservons, puisque l’Église l’a ordonné il y a douze cents ans, c’est-à-dire aussitôt qu’il y a eu des temples et que notre foi a été publiquement reçue des princes, les images, mais avec le vrai et pur usage, selon l’ancienne intention : c’est qu’elles servent au temple pour la mémoire des martyrs et pour l’ornement et décoration du lieu destiné au service de Dieu, et ôtons, ce qui est advenu, de les honorer servilement.

Soit donc ordonné que les peintures et images taillées demeureront aux temples sans plus, pour la mémoire et décoration ; y soit admonesté le peuple qu’elles n’y sont que pour leur donner occasion de s’enquérir de la vie de ceux qui sont représentés, afin de les honorer et encore plus d’essayer à les imiter.

Au reste, qu’il soit défendu de porter chandelles, de faire offrandes, de les baiser ni couvrir, de les vêtir ni couronner de fleurs, ni faire aucun