Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/151

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honneur extérieur. Ainsi le peuple sera hors du danger de tomber en idolâtrie, et les adversaires n’auront plus occasion de trouver non plus mauvaises les peintures aux lieux publics que dans les maisons privées, et la chose sera remise en son premier et naturel état.

Des reliques tout de même, qui s’offensera qu’on les garde soigneusement aux temples, si on ne les adore point, comme Eusèbe narre que les Chrétiens firent de Polycarpe, disciple de saint Jean, duquel bon et saint marin, après que le corps fut brûlé, les Chrétiens amassèrent les cendres et les gardèrent, mus d’une bonne et sainte affection. Qu’on ne fasse que ce qu’ils firent et il n’y aura rien que les plus dégoûtés puissent trouver étrange. Qu’elles soient donc gardées honorablement, mais sans les présenter aucunement à baiser ni adorer ; qu’à raison de ce, qu’il soit défendu d’en prendre ni donner rien, mêmement pour ce, qu’on ne peut ignorer que les imposteurs en aient supposé une infinité de reliques fausses ; en sorte qu’on ne saurait faire plus grand tort aux saints dont on a les vraies, que d’honorer toutes celles qu’on montre indifféremment, puisqu’elles sont toutes mêlées et sans différence, étant certain qu’une partie, et la plus grande, ne sont que les instruments de l’avarice du clergé corrompu.