Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/168

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ment, je m’ébahis que le Roi fasse scrupule de mettre la main à l’extirpation de si grossiers abus et visibles, et qu’il se fait conscience de souffrir et autoriser l’introduction d’une nouvelle Église, qui ne se bâtit que de la subversion de la nôtre, laquelle a été fondée en France aussitôt comme la foi chrétienne y a été plantée. Il nous fâche de nous employer à rhabiller la nôtre pour la conserver, et on tient bien la main par une pernicieuse patience de la laisser du tout détruire et anéantir, pour en publier une déjà corrompue clairement dès sa naissance et pleine de plusieurs erreurs déjà condamnées. Mais encore il appert évidemment qu’il ne se faut arrêter là ; car, excepté deux ou trois points de ce que j’ai dit, tout le demeurant n’est point chose que le Roi ne puisse et ne doive faire et ne l’ait accoutumé. Un seul évêque la pourrait faire à ses constitutions qu’on appelle synodales. Aussi les synodes, en chaque diocèse, n’avaient été instituées pour autre raison qu’afin de rhabiller à cette heure ce qui se gâte en l’ordre ecclésiastique, pour ce qu’il n’est possible, ni que le corps humain se maintienne en santé sans purgation, ni un bâtiment sans réparations ordinaires, ni quelque police que ce soit sans corriger à toute heure ce qui s’empire et remettre en leur lieu les parties qui se jettent hors de leur place. C’est vraiment