Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/203

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frère de Beauregard(¹) : « Monsieur de Beauregard, lui dit-il, je vous mercie bien fort de la peine que vous prenez pour moi : vous voulez bien que je vous découvre quelque chose que j’ai sur le cœur à vous dire. » De quoi quand mon frère lui eut donné l’assurance, il suivit ainsi : « Je vous jure que de tous ceux qui se sont mis à la réformation de l’Église, je n’ai jamais pensé qu’il y en ait eu un seul qui s’y soit mis avec meilleur zèle, plus entière, sincère et simple affection que vous. Et crois certainement que les seuls vices de nos prélats, qui ont sans doute besoin d’une grande correction, et quelques imperfections que le cours du temps a apporté en notre Église, vous ont incité à cela : je ne vous en veux pour cette heure démouvoir : car aussi ne prie-je pas volontiers personne de faire quoi que ce soit contre sa conscience. Mais je vous veux bien avertir, qu’ayant respect de la bonne réputation qu’a acquis la maison de laquelle vous êtes, par une continuelle concorde : maison que j’ai autant chère que maison du monde : mon Dieu, quelle case, de laquelle il n’est jamais sorti acte que d’homme de bien ! ayannt respect à la volonté de votre père, ce bon père à qui vous devez tant, de votre oncle, à vos frères, vous fuirez ces extrémités : ne soyez point si âpre et si violent : accommodez-vous à eux. Ne faites point de