Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/38

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liberté des prêches privés et libérer les détenus pour cause de religion ; et ce premier pas dans la voie d’une indulgence intéressée mécontente les catholiques, sans satisfaire les réformés. Les prêches se multiplièrent, les auditeurs devinrent turbulents, Paris se troubla et il en fut de même de bien des provinces du royaume. L’audace des réformés, leur esprit de suite alarmèrent les hommes judicieux qui jusque-là s’étaient montrés sans prévention contre le culte nouveau. La reine s’en émut à son tour, et, d’elle-même, par un coup d’autorité plus affecté que réel, elle promulgua, le 11 juillet, un édit qui défendait les prêches et revint brusquement un an en arrière, à François II, et aux prescriptions de l’ordonnance de Romorantin.

Les réformés ne se méprirent pas sur cette mesure et sentirent tout ce qu’elle avait de précaire. Ils agirent avec la même constance, agitant chaque jour davantage les provinces, tandis qu’à la cour la royauté se débattait dans les mêmes difficultés. En se séparant, les États généraux d’Orléans s’étaient ajournés au 1er mai 1561. Ils ne purent se réunir à Pontoise que le 1er août suivant, et là, le Tiers-État et la Noblesse, marchandant avec le prince, cherchent à obtenir quelque chose de son autorité,