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la bataille des trente

du duché, répondant à peu près à ce qu’on appelle aujourd’hui chef d’état-major général. En 1342, il contribua à la reprise de Vannes sur Robert d’Artois[1] ; en 1346, à la bataille de la lande de Gadoret il commandait l’arrière-garde de l’armée blaisienne[2] ; en 1347, il fut pris par les Anglais à la bataille de la Roche Derien[3], et mourut probablement de ses blessures, car depuis lors il n’est plus question de lui, et l’on voit la charge de maréchal de Bretagne passer à son neveu, Jean IV, chef de la bataille des Trente.

L’éclat prodigieux de ce fait d’armes a effacé le souvenir des exploits antérieurs de ce dernier, mais le poste de capitaine de Josselin, occupé par lui en 1351, montre bien l’estime qu’on faisait de lui. Cette place avait une grande importance : elle était chargée de tenir en bride la garnison anglaise de Ploërmel, qui infestait et dominait tout le centre de la Bretagne. Donc il fallait pour commander à Josselin un homme de tête et de cœur, non moins prudent que ferme. Il fallait aussi un chef dont le respect s’imposât, car la garnison de Josselin comptait alors nombre de guerriers appartenant à l’élite de la noblesse et même de la chevalerie de Bretagne. On verra tout à l’heure quel respect et quelle confiance tous ses hommes avaient en Jean de Beaumanoir ; on verra avec quelle bravoure et quelle prudence il sut diriger le combat de Mi-Voie.

Quand Jean de Beaumanoir revenant de Ploërmel rentra à Josselin, son premier soin fut de conter aux Bretons qui gardaient cette place son orageuse entrevue avec Bembro et le combat convenu entre eux.

Tous l’écoutent en frémissant, tous applaudissent, tous rendent grâce à la Vierge de cette aubaine. Il y avait trêve à ce moment entre les partis de Blois et de Montfort, ce qui n’empêchait point les Anglais de torturer le peuple de Bretagne, mais depuis assez longtemps cela suspendait les grandes opérations de guerre et les grands coups d’épée. Tous ces braves Bretons saluent donc avec bonheur

  1. Voir Froissart-Luce III, p. 18. 220 ; et Le Baud, Hist. de Bret., p. 287.
  2. Selon du Paz, Hist. généal. de plus. maisons de Bretagne, p. 98 (2o pagination).
  3. Le Baud. Ibid. p. 309. Sur tous les Beaumanoir ici mentionnés voir Du Paz, Ibid. p. 97-99.