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Page:La Brochure mensuelle - Année 1923 - Numéros 1 à 12B.djvu/319

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tomber avec l’autre. De bonne foi, les hommes parlent de la liberté civile et de la liberté religieuse comme de choses différentes ; mais la distinction est tout à fait arbitraire. Elles sont parties d’un même tout et philosophiquement ne peuvent être séparées.

« Si, elles le peuvent », interpose un objecteur, « l’affirmation de l’une est impérative comme étant un devoir religieux. La liberté d’honorer Dieu de la manière qui lui semble convenable est une liberté sans laquelle un homme ne peut accomplir ce qu’il croit être des commandements divins, et, en conséquence sa conscience exige de lui qu’il la défende. » Fort bien ; mais comment si la même chose peut être affirmée de toute autre liberté ? Comment si la défense de celle-ci se transforme aussi en une matière de conscience ? N’avons-nous pas vu que le bonheur humain est la volonté divine, — que ce bonheur ne peut être obtenu que par l’exercice de nos facultés — et qu’il est impossible de les exercer sans la liberté ? Et si cette liberté pour l’exercice des facultés est une condition sans laquelle la volonté divine ne peut être accomplie, sa défense est, suivant la propre démonstration de notre objecteur, un devoir. En d’autres termes, il est manifeste, non seulement que la défense de la liberté d’action peut être un point de conscience, mais encore qu’elle doit en être un. Et ainsi nous voyons clairement que le droit d’ignorer l’État en matière religieuse et le droit d’ignorer l’État en matière séculière sont par essence identiques.