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Page:La Brochure mensuelle - Année 1923 - Numéros 1 à 12B.djvu/320

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L’autre raison communément assignée à la non-conformité admet un traitement similaire. Outre qu’il résiste à la prescription de l’État par principe, le dissident y résiste par désapprobation de la doctrine enseignée. Aucune injonction législative ne lui fera adopter ce qu’il considère comme une croyance fausse ; et, se souvenant de son devoir envers ses semblables, il refuse d’aider, au moyen de sa bourse, à disséminer cette croyance fausse. L’attitude est parfaitement compréhensible. Mais c’est une attitude qui, ou conduit aussi ses adhérents à la non-conformité civile, ou les laisse dans un dilemme. Car pourquoi refusent-ils de contribuer à propager l’erreur ? Parce que l’erreur est contraire au bonheur humain. Et pour quel motif désapprouve-t-on une partie quelconque de la législation civile ? Pour la même raison, — parce qu’on la juge contraire au bonheur humain. Comment alors pourrait-il être démontré qu’on doit résister à l’État dans un cas et non dans l’autre ? Personne affirmera-t-il délibérément que, si un gouvernement nous demande de l’argent pour aider à enseigner ce que nous pensons devoir produire le mal, nous devons le lui refuser, mais que, si l’argent est destiné à faire ce que nous pensons devoir produire le mal, nous ne devons pas le lui refuser ? Telle est, cependant, l’encourageante proposition qu’ont à soutenir ceux qui reconnaissent le droit d’ignorer l’État en matière religieuse, mais le nient en matière civile.