Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/320

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l’accompagnent dans la douleur et dans la fièvre : elle meurt parée et en rubans de couleur.


8 (VII)


Lise entend dire d’une autre coquette qu’elle se moque de se piquer de jeunesse, et de vouloir user d’ajustements qui ne conviennent plus à une femme de quarante ans. Lise les a accomplis ; mais les années pour elle ont moins de douze mois, et ne la vieillissent point : elle le croit ainsi, et pendant qu’elle se regarde au miroir, qu’elle met du rouge sur son visage et qu’elle place des mouches, elle convient qu’il n’est pas permis à un certain âge de faire la jeune, et que Clarice en effet, avec ses mouches et son rouge, est ridicule.


9 (IV)


Les femmes se préparent pour leurs amants, si elles les attendent ; mais si elles en sont surprises, elles oublient à leur arrivée l’état où elles se trouvent ; elles ne se voient plus. Elles ont plus de loisir avec les indifférents ; elles sentent le désordre où elles sont, s’ajustent en leur présence, ou disparaissent un moment, et reviennent parées.


I0 (I)


Un beau visage est le plus beau de tous les spectacles ; et l’harmonie la plus douce est le son de voix de celle que l’on aime.


II (IV)


L’agrément est arbitraire la beauté est quelque chose de plus réel et de plus indépendant du goût et de l’opinion.


I2 (I)


L’on peut être touché de certaines beautés si