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Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/323

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et la coquette se fait haïr. L’on peut tirer de ces deux caractères de quoi en faire un troisième, le pire de tous.


23 (V)


Une femme faible est celle à qui l’on reproche une faute qui se la reproche à elle-même ; dont le cœur combat la raison ; qui veut guérir, qui ne guérira point, ou bien tard.


24 (V)


Une femme inconstante est celle qui n’aime plus ; une légère, celle qui déjà en aime un autre ; une volage, celle qui ne sait si elle aime et ce qu’elle aime ; une indifférente, celle qui n’aime rien.


25 (V)


La perfidie, si je l’ose dire, est un mensonge de toute la personne : c’est dans une femme l’art de placer un mot ou une action qui donne le change, et quelquefois de mettre en œuvre des serments et des promesses qui ne lui coûtent pas plus à faire qu’à violer.

Une femme infidèle, si elle est connue pour telle de la personne intéressée, n’est qu’infidèle : s’il la croit fidèle, elle est perfide.

On tire ce bien de la perfidie des femmes, qu’elle guérit de la jalousie.


26 (I)


Quelques femmes ont dans le cours de leur vie un double engagement à soutenir, également difficile à rompre et à dissimuler ; il ne manque à l’un que le contrat, et à l’autre que le cœur.


27 (I)


A juger de cette femme par sa beauté, sa jeunesse,