Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/347

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Il y a un goût dans la pure amitié où ne peuvent atteindre ceux qui sont nés médiocres.


2 (I)


L’amitié peut subsister entre des gens de différents sexes, exempte même de toute grossièreté. Une femme cependant regarde toujours un homme comme un homme ; et réciproquement un homme regarde une femme comme une femme. Cette liaison n’est ni passion ni amitié pure : elle fait une classe à part.


3(I)


L’amour naît brusquement, sans autre réflexion, par tempérament ou par faiblesse : un trait de beauté nous fixe, nous détermine. L’amitié au contraire se forme peu à peu, avec le temps, par la pratique, par un long commerce. Combien d’esprit, de bonté de cœur, d’attachement, de services et de complaisance dans les amis, pour faire en plusieurs années bien moins que ne fait quelquefois en un moment un beau visage ou une belle main !


4 (IV)


Le temps, qui fortifie les amitiés, affaiblit l’amour.


5 (IV)


Tant que l’amour dure, il subsiste de soi-même, et quelquefois