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Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/352

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ont leurs causes. En amour, il n’y a guerre d’autre raison de ne s’aimer plus que de s’être trop aimés.


3I (IV)


L’on n’est pas plus maître de toujours aimer qu’on l’a été de ne pas aimer.


32 (IV)


Les amours meurent par le dégoût, et l’oubli les enterre.


33 (IV)


Le commencement et le déclin de l’amour se font sentir par l’embarras où l’on est de se trouver seuls.


34 (IV)


Cesser d’aimer, preuve sensible que l’homme est borné, et que le cœur a ses limites.

C’est faiblesse que d’aimer ; c’est souvent une autre faiblesse que de guérir.

On guérit comme on se console : on n’a pas dans le cœur de quoi toujours pleurer et toujours aimer.


35 (IV)


Il devrait y avoir dans le cœur des sources inépuisables de douleur pour de certaines pertes. Ce n’est guère par vertu ou par force d’esprit que l’on sort d’une grande affliction : l’on pleure amèrement, et l’on est sensiblement touché ; mais l’on est ensuite si faible ou si léger que l’on se console.


36 (IV)


Si une laide se fait aimer, ce ne peut être qu’éperdument ;