Aller au contenu

Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour soi et la dureté pour les autres n’est qu’un seul et même vice.


50 (V)


Un homme dur au travail et à la peine, inexorable à soi-même, n’est indulgent aux autres que par un excès de raison.


5I (V)


Quelque désagrément qu’on ait à se trouver chargé d’un indigent, l’on goûte à peine les nouveaux avantages qui le tirent enfin de notre sujétion : de même, la joie que l’on reçoit de l’élévation de son ami est un peu balancée par la petite peine qu’on a de le voir au-dessus de nous ou s’égaler à nous. Aussi l’on s’accorde mal avec soi-même ; car l’on veut des dépendants, et qu’il n’en coûte rien ; l’on veut aussi le bien de ses amis, et, s’il arrive, ce n’est pas toujours par s’en réjouir que l’on commence.


52 (VII)


On convie, on invite, on offre sa maison, sa table, son bien et ses services : rien ne coûte qu’à tenir parole.


53 (IV)


C’est assez pour soi d’un fidèle ami ; c’est même beaucoup de l’avoir rencontré : on ne peut en avoir trop pour le service des autres.


54 (IV)


Quand on a assez fait auprès de certaines personnes pour avoir dû se les acquérir, si cela ne réussit point, il y a encore une ressource, qui est de ne plus rien faire.


55 (V)


Vivre avec ses ennemis comme s’ils devaient un jour être nos amis, et vivre avec nos amis comme