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Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/75

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Platon et Aristote enseignèrent dans l’intérieur de l’Académie et du Lycée ; Zénon trouva peu de disciples parmi ses contemporains ; et la morale d’Épicure, fondée sur la seule sensibilité physique, fut le résultat naturel de cette révolution, et l’expression fidèle de l’esprit du siècle qui la suivit.

Le temps des vertus privées et celui des observations fines et délicates, des systèmes, et des fictions morales, avoit succédé aux siècles des vertus publiques, des grands hommes, et des actions sublimes.

Les différents degrés du passage à ce nouvel ordre de choses sont marqués par les aimables ouvrages de Xénophon, qui écrivit comme Socrate avoit parlé ; par les dialogues spirituels de Platon, qui plaça les beautés morales dans des espaces imaginaires et dans des pays fictifs ; par la doctrine lumineuse d’Aristote, entre les mains duquel la morale devint une science d’observation ; et par les élégantes satires de Théophraste, dont l’entreprise a pu être renouvelée du temps de Louis XIV.