Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


La cour ou ne connaît pas la ville, ou, par le mépris qu’elle a pour elle, néglige d’en relever le ridicule, et n’est point frappée des images qu’il peut fournir ; et si au contraire l’on peint la cour, comme c’est toujours avec les ménagements qui lui sont dus, la ville ne tire pas de cette ébauche de quoi remplir sa curiosité, et se faire une juste idée d’un pays où il faut même avoir vécu pour le connaître.

D’autre part, il est naturel aux hommes de ne point convenir de la beauté ou de la délicatesse d’un trait de morale qui les peint, qui les désigne, et où ils se reconnaissent eux-mêmes : ils se tirent d’embarras en le condamnant ; et tels n’approuvent la satire, que lorsque, commençant à lâcher prise et à s’éloigner de leurs personnes, elle va mordre quelque autre.

Enfin quelle apparence de pouvoir remplir tous les goûts si différents des hommes par un seul ouvrage de morale ? Les uns cherchent des définitions,