Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/101

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intérieurement et par habitude la comparaison d’eux-mêmes avec les autres, décident toujours en faveur de leur propre mérite, et agissent conséquemment.

7I (IV)

Vous dites qu’il faut être modeste, les gens bien nés ne demandent pas mieux : faites seulement que les hommes n’empiètent pas sur ceux qui cèdent par modestie, et ne brisent pas ceux qui plient.

De même l’on dit : « Il faut avoir des habits modestes. » Les personnes de mérite ne désirent rien davantage ; mais le monde veut de la parure, on lui en donne ; il est avide de la superfluité, on lui en montre. Quelques-uns n’estiment les autres que par de beau linge ou par une riche étoffe ; l’on ne refuse pas toujours d’être estimé à ce prix. Il y a des endroits où il faut se faire voir : un galon d’or plus large ou plus étroit vous fait entrer ou refuser.

72 (I)

Notre vanité et la trop grande estime que nous avons de nous-mêmes nous fait soupçonner