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Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/225

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ils ont un mérite fixe et des talents sûrs et connus qui amusent les grands et qui les délassent de leur grandeur ; on sait que Favier est beau danseur, et que Lorenzani fait de beaux motets. Qui sait au contraire si l’homme dévot a de la vertu ? Il n’y a rien pour lui sur la cassette ni à l’épargne, et avec raison : c’est un métier aisé à contrefaire, qui, s’il était récompensé, exposerait le Prince à mettre en honneur la dissimulation et la fourberie, et à payer pension à l’hypocrite.

29 (I) L’on espère que la dévotion de la cour ne laissera pas d’inspirer la résidence.

30 (IV)

Je ne doute point que la vraie dévotion ne soit la source du repos ; elle fait supporter la vie et rend la mort douce : on n’en tire pas tant de l’hypocrisie.

3I (V)

Chaque heure en soi comme à notre égard est unique : est-elle écoulée une fois, elle a péri entièrement, les millions de siècles ne la ramèneront pas. Les jours, les mois, les années s’enfoncent et se perdent sans retour dans l’abîme des temps ; le temps même sera détruit : ce n’est qu’un point dans