Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/235

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faire un sacrilège. N’y a-t-il point dans l’Eglise une puissance à qui il appartienne ou de faire taire le pasteur, ou de suspendre pour un temps le pouvoir du barnabite ?

23 (I)

Il y a plus de rétribution dans les paroisses pour un mariage que pour un baptême, et plus pour un baptême que pour la confession : l’on dirait que ce soit un taux sur les sacrements, qui semblent par là être appréciés. Ce n’est rien au fond que cet usage ; et ceux qui reçoivent pour les choses saintes ne croient point les vendre, comme ceux qui donnent ne pensent point à les acheter : ce sont peut-être des apparences qu’on pourrait épargner aux simples et aux indévots.

24 (VI)

Un pasteur frais et en parfaite santé, en ligne fin et en point de Venise, a sa place dans l’œuvre auprès les pourpres et les fourrures ; il y achève sa digestion, pendant que le Feuillant ou le Récollet quitte sa cellule et son désert, où il est lié par ses vœux et par la bienséance, pour venir le prêcher, lui et ses ouailles, et en recevoir le salaire, comme d’une pièce d’étoffe. Vous m’interrompez, et vous dites : « Quelle censure ! et combien elle est nouvelle et peu attendue ! Ne voudriez-vous point interdire à ce pasteur et à son troupeau la parole divine et le pain de l’Evangile ? » — Au contraire, je voudrais qu’il le distribuât lui-même le matin, le soir, dans les temples, dans les maisons, dans les places, sur les toits, et que nul