Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/255

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placent leurs fils aux parlements et dans la prélature, et les railleurs eux-mêmes fournissent l’argent. Ceux qui se portent bien deviennent malades ; il leur faut des gens dont le métier soit de les assurer qu’ils ne mourront point. Tant que les hommes pourront mourir, et qu’ils aimeront à vivre, le médecin sera raillé, et bien payé.

66 (IV)

Un bon médecin est celui qui a des remèdes spécifiques, ou s’il en manque, qui permet à ceux qui les ont de guérir son malade.

67 (IV)

La témérité des charlatans, et leurs tristes succès, qui en sont les suites, font valoir la médecine et les médecins : si ceux-ci laissent mourir, les autres tuent.

68 (VIII) Carro Carri débarque avec une recette qu’il appelle un prompt remède, et qui quelquefois est un poison lent ; c’est un bien de famille, mais amélioré en ses mains : de spécifique qu’il était contre la colique, il guérit de la fièvre quarte, de la pleurésie, de l’hydropisie, de l’apoplexie, de l’épilepsie. Forcez un peu votre mémoire, nommez une maladie, la première qui vous viendra en l’esprit : l’hémorragie, dites-vous ? il la guérit. Il ne ressuscite personne,