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Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/27

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35 (IV)

Sentir le mérite, et quand il est une fois connu, le bien traiter, deux grandes démarches à faire tout de suite, et dont la plupart des grands sont fort incapables.

36 (IV)

Tu es grand, tu es puissant : ce n’est pas assez ; fais que je t’estime, afin que je sois triste d’être déchu de tes bonnes grâces, ou de n’avoir pu les acquérir.

37

(IV) Vous dites d’un grand ou d’un homme en place qu’il est prévenant, officieux, qu’il aime à faire plaisir ; et vous le confirmez par un long détail de ce qu’il a fait en une affaire où il a su que vous preniez intérêt. Je vous entends : on va pour vous au-devant de la sollicitation, vous avez du crédit, vous êtes connu du ministre, vous êtes bien avec les puissances ; désiriez-vous que je susse autre chose ?

(VII) Quelqu’un vous dit : Je me plains d’un tel, il est fier depuis son élévation, il me dédaigne, il ne me connaît plus. — Je n’ai pas, pour moi, lui répondez-vous, sujet de m’en plaindre ; au contraire, je m’en loue fort, et il me semble même qu’il est assez civil. Je crois encore vous entendre : vous voulez qu’on sache qu’un homme en place a de l’attention pour vous, et qu’il vous démêle dans l’antichambre entre mille honnêtes gens de qui il détourne ses yeux, de peur de tomber dans l’inconvénient de leur rendre le salut ou de leur sourire. (IV) «