Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/47

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avoir respiré un peu : « Voilà, s’écrie-t-il, une grande nouvelle ; ils sont défaits, et à plate couture ; le général, les chefs, du moins une bonne partie, tout est tué, tout a péri. Voilà, continue-t-il, un grand massacre, et il faut convenir que nous jouons d’un grand bonheur. » Il s’assit, il souffle, après avoir débité sa nouvelle, à laquelle il ne manque qu’une circonstance, qui est qu’il est certain qu’il n’y a point eu de bataille. Il assure d’ailleurs qu’un tel prince renonce à la ligue et quitte ses confédérés, qu’un autre se dispose à prendre le même parti ; il croit fermement avec la populace qu’un troisième est mort : il nomme le lieu où il est enterré ; et quand on est détrompé aux halles et aux faubourgs, il parie encore pour l’affirmative. Il sait, par une voie indubitable, que T. K. L. fait de grands progrès contre l’Empereur ; que le Grand Seigneur arme puissamment, ne veut point de paix, et que son vizir va se montrer une autre fois aux