Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/96

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59 (IV)

C’est perdre toute confiance dans l’esprit des enfants, et leur devenir inutile, que de les punir des fautes qu’ils n’ont point faites, ou même sévèrement de celles qui sont légères. Ils savent précisément et mieux que personne ce qu’ils méritent, et ils ne méritent guère que ce qu’ils craignent. Ils connaissent si c’est à tort ou avec raison qu’on les châtie, et ne se gâtent pas moins par des peines mal ordonnées que par l’impunité.

60 (I)

On ne vit point assez pour profiter de ses fautes. On en commet pendant tout le cours de sa vie ; et tout ce que l’on peut faire à force de faillir, c’est de mourir corrigé. Il n’y a rien qui rafraîchisse le sang comme d’avoir su éviter de faire une sottise.

6I (I)

Le récit de ses fautes est pénible ; on veut les couvrir et en charger quelque autre : c’est ce qui donne le pas au directeur sur le confesseur.

62 (VI)

Les fautes des sots sont quelquefois si lourdes et si difficiles à prévoir, qu’elles mettent les sages en défaut, et ne sont utiles qu’à ceux qui les font.

63 (I)

L’esprit de parti abaisse les plus grands hommes jusques aux petitesses du peuple.

64 (I)

Nous faisons par vanité ou par bienséance les mêmes choses, et avec les mêmes dehors, que nous