Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1209]
37
croisade contre les albigeois.

les ont tant tourmentés que de leur vie ils ne s’étaient trouvés en telle détresse. Il n’y avait pas huit jours que le roi était parti, lorsqu’un riche homme des croisés demanda une entrevue au vicomte, [705] et le vicomte y alla, lorsqu’il eut reçu un sauf conduit, avec un petit nombre de ses hommes.

XXXI.

Le vicomte de Béziers sortit pour aller à l’entrevue, ayant autour de lui plus de cent chevaliers, et le riche homme de l’ost en avait trente seulement. [710] « Sire, » dit celui-ci, « je suis votre parent. Puisse Dieu m’ aider et me protéger, comme je désirerais votre accord [avec les croisés] et votre plus grand bien et celui de vos hommes ! Si vous savez avoir prochainement secours, [715] alors je vous approuve de vous défendre ; mais vous pouvez bien connaître qu’il n’en est rien. Faites avec le pape un accord quelconque, ainsi qu’avec les barons de l’ost ; car je vous le dis en vérité, s’ils vous prennent de vive force, votre sort [ 720 ] à tous sans exception sera celui qu’a eu Béziers. Sauvez seulement vos personnes de mort et de tourment : vous aurez assez d’argent, si vous vivez longuement. » Le vicomte répondit, en entendant ces paroles : « Sire, à votre commandement [725] et à celui du roi à qui France appartient. Je lui (au roi) ferais sans délai droit de toute chose, si je pouvais me rendre à l’ost avec sécurité. — Et je vous y mènerai sain et sauf, et vous en ramènerai, je vous le dis en toute loyauté, [730] ici parmi vos hommes. »