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croisade contre les albigeois.

XLVII.

Les bourgeois de Toulouse, ceux de la confrérie, et les bourgeois du Bourg[1] étaient toujours en débat, [1040] et, au bout du compte, ils n’aboutirent à rien qui valût un gland ou une pomme pourrie. — Les adhérents des hérétiques, ceux qui sont liés avec eux, vont disant que l’évêque, l’abbé [de Cîteaux] et le clergé cherchent à mettre la brouille entre eux et les bourgeois de Toulouse, afin que par cette folie [1045] l’un détruise l’autre ; car s’ils faisaient cause commune, tous les croisés du monde ne pourraient leur faire dommage. Au comte ils font entendre [cela] et à son entourage, la folle gent mauvaise qui est entrée dans l’hérésie. Ils verront un jour, si Dieu me bénit, [1050] quel conseil leur ont donné ceux que Dieu puisse maudire ! Par cela tout sera détruit, et la terre dévastée, et par la gent étrangère désolée et ravagée ; car les Français de France[2] et les Lombards[3], et tout le

  1. Guillaume de Puylaurens nous apprend (chap. XV) qu’il s’était formé à Toulouse, à l’instigation de l’évêque Folquet, une confrérie ayant pour but la destruction de l’hérésie et de l’usure ; que par contre il s’était établi dans le Bourg une autre confrérie décidée à résister à la première. La confrérie à laquelle fait allusion G. de Tud. est celle de Folquet, celle qu’au dire de G. de Puylaurens on appelait confrérie blanche. Par les « bourgeois du Bourg » (v. 1039), l’auteur désigne évidemment la confrérie noire. — Le Bourg était la partie de la ville construite en dehors de la cité, au nord de la ville sur la rive droite de la Garonne.
  2. C’est-à-dire de la France proprement dite, les pays de langue d’oui.
  3. Lombards doit vraisemblablement être ici entendu au sens général d’Italiens qu’il a souvent au moyen-âge :