Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
[1211]
croisade contre les albigeois.

LX

Le preux comte de Toulouse s’en retourne en Toulousain et entre à Toulouse et puis à Montauban, à Moissac et à Agen, sa charte à la main : partout il la fait lire, pour que la connaissent clairement [1375] chevaliers et bourgeois et prêtres qui chantent la messe. La charte dit ceci aux premiers mots : Que le comte observe la paix, et [de même] ceux qui seront avec lui, et [qu’il] renonce aux routiers aujourd’hui ou demain. Qu’il rende leurs droits aux clercs, qu’ils soient en possession [1380] de tout ce qu’ils lui demanderont ; qu’il mette hors de sa protection tous les perfides juifs ; et les adhérents des hérétiques, ceux qu’ils (les clercs) lui dénonceront, qu’il les livre tous,

    on voit le comte de Toulouse partir sans prendre congé : « Nec silendum quod, cum essent præfati viri in Montepessulano, et multi etiam episcopi et ecclesiarum prælati, tractatum fuit iterum de facto comitis Tolosani..... sed idem comes, cum promisisset impleturum se in crastino quidquid dicti legati mandassent, summo mane in crastino recessit a Montepessulano, ipsis legatis insalutatis » (Bouq. XIX, 43 d). Je suis donc porté à croire que l’assemblée de Montpellier et celle d’Arles ne font qu’une, et, adoptant les motifs de Vaissète, qu’elle a dû, conformément au récit de G. de Tud., être tenue à Arles. Quoi qu’il en soit, plusieurs des conditions mentionnées dans la tirade suivante sont par elles-mêmes authentiques, en ce sens qu’elles reparaissent dans des documents incontestés. Quant à l’opinion du P. Benoist (I, 140), selon qui ces conditions auraient été supposées par le comte de Toulouse, elle est trop absurde pour mériter d’être discutée. Cet auteur aurait dû tout d’abord ne point rapporter étourdiment ces conditions au concile de Saint-Gilles, quand elles sont positivement attribuées à un concile d’Arles par la réd. en pr. aussi bien que par le poëme.