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croisade contre les albigeois.

LXVI.

Toute cette nuit jusqu’à la matinée messire Bouchart a mené grande joie ; [1505] et le lendemain, à l’aube, la plus grande partie de l’ost s’est dirigée vers Cabaret. Là fut leur accord dit et conclu. Bouchart l’a, tout d’abord, en présence de tous, proposé, si bien qu’il convient de tout point aux uns et aux autres. [1510] On a élevé sur la tour l’enseigne du comte fort ; puis notre croisade mit garnison dans le château, et ainsi fut cette fois conquis Cabaret. Voyez maintenant quel miracle ce fut : si tous les hommes de ce monde [1515] s’étaient assemblés à l’entour et l’avaient assiégé, les assiégés en eussent fait moins de cas que d’une pomme pelée ; mais, contre l’ost de Christ, il n’y a château qui tienne, ni cité qu’ils trouvent, si fermée qu’elle soit[1]. Et c’est pourquoi bien fol est celui qui fait la guerre aux croisés. [1520] Aucun homme ne s’en réjouit qui à la fin n’ait été abattu.

LXVII.

Aussitôt que le château de Cabaret fut rendu, le comte de Montfort et les croisés se mettent en route et se dirigent vers Lavaur, là en Toulousain. [1525] Il y ont maintenu le siége un mois et cinq semaines ; avec machines et catapultes ils l’ont fortement battu. La ville était très-forte : si les assiégés s’étaient bien

  1. Cf. ci-dessus, v. 1069-72.