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croisade contre les albigeois.

LXXVII.

Le bon comte Baudouin se met au retour après avoir réglé son affaire avec le comte fort, et s’en vient à Toulouse, pour parler avec son frère, qui jamais ne l’aima guères, ni ne voulut lui rien donner comme on fait à un frère, ni l’honorer en sa cour. [1735] À deux ou trois reprises il le requit de jurer sur les saints qu’il se tiendrait du côté des croisés, mais il ne put faire plus[1]. Il a pris congé de lui, n’y voulant plus séjourner, et retourne à l’ost pour garder son serment. [1740] Ce nonobstant il (Baudouin) ne lui aurait pas fait une dure guerre, s’il (Raimon) ne l’avait fait si injustement dépouiller de Bruniquel[2].

  1. Cela veut dire sans doute que Baudouin ne put amener, malgré tous ses efforts, son frère Raimon à prêter serment aux croisés. Le texte est ici rédigé d’une façon fort obscure. Fauriel traduit : « Il (Raimon) lui promit, au contraire, deux fois ou trois par serment, de s’arranger avec les croisés, » interprétation forcée et invraisemblable. P. de V.-C. laisse entendre, mais d’une façon peu explicite, que Baudouin fit des efforts pour rattacher son frère à la cause des croisés : « Egressus igitur comes Balduinus de castro (Montferrand), venit ad fratrem suum, comitem videlicet Tolosanum ; sed post paucos dies rediit ad comitem Montisfortis, veniensque ad eum rogavit ut comes ipsum in hominem recipere dignaretur, et ipse ei in omnibus et contra omnes fideliter deserviret » (ch. LIV, Bouq. 48 a).
  2. Ceci n’est pas très-clair. On ne voit nulle part que le comte Raimon ait enlevé Bruniquel à son frère Baudouin, ni qu’il ait fait piller ce château (car raubar peut avoir le sens de « piller » aussi bien que celui d’ « enlever »). Au contraire il semble que le comte de Toulouse aurait eu bien plutôt le droit de se plaindre de son frère, ayant été en quelque sorte contraint (voy. la tirade précédente) de lui remettre la seigneurie de Bruniquel. P.-ê. le