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croisade contre les albigeois.

allé aux maisons et au campement, et ils se sont mis au lit [2015] jusqu’à la matinée.

XCII.

Au lendemain matin, quand l’aube eut point, le comte de Montfort se lève ainsi que toute sa maisnie. Vers Castelnaudari il s’en va la lance levée ; là ils attendent l’ost [du comte de Toulouse] jusqu’à ce qu’elle soit campée...[1] [2020] non loin de là en un champ, à près d’une demi-lieue, un mardi matin, quand la troupe eut dîné, ils[2] viennent à Castelnaudari camper par la prairie. Là vous auriez ouï en ce jour maints cris de la gent étrangère qui y était assemblée. [2025] Vous eussiez dit que ciel et terre s’étaient réunis[3] ; ô Dieu ! et tant de tentes y furent ce jour piquées, qui avaient pomme d’or et aigle en métal fondu ! Ils dressèrent le trébuchet en une tranchée (?) ; mais ils ne trouvent pierre en chemin ni en grande route [2030] qui du choc qu’il produit ne soit toute brisée[4], tellement qu’ils en apportèrent trois d’une grande lieue. D’un coup qu’ils tirèrent ils abattirent une tour ; à un autre, au vu de tous, ils effondrèrent une salle[5], et à la troisième fois la pierre se fendit ; [2035] sans cela, elle eût coûté bien cher à ceux qui sont dans la ville.

  1. Lacune ; voir au t. I la note du v. 2019.
  2. Les troupes du comte de Toulouse.
  3. Expression usuelle dans les chansons de geste ; cf. v. 2104.
  4. Parce que la pierre était trop tendre.
  5. Sans doute une salle voûtée : sala désigne toujours une construction importante ; cf. v. 759 et 1063.