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croisade contre les albigeois.

[3665] puis il se rend à Gênes pour y attendre son fils qu’il a laissé à Rome.

CLII.

L’enfant reste à Rome, non pour son plaisir, car il n’y voit rien qui lui doive plaire : au contraire, il y voit ses ennemis sans pouvoir leur nuire. [3670] Mais il a tant de sens, de savoir et de jugement qu’il sait dissimuler ce qui lui cause le plus de peine. Il demeura, sans mentir, quarante jours à la cour pour regarder et apprendre, pour voir et ouïr comment le pape voudra se comporter avec lui. [3675] Mais P. R. de Rabastens[1] lui dit : « Sire, puisque nous ne pouvons rien faire d’autre à la cour, je crois que plus nous y resterons et plus nous aurons d’ennui. » Guillem Porcellet[2] dit : « Sire, allons auprès du seigneur pape, pour voir comment nous pourrons nous arranger. — [3680] Je veux bien, » dit l’enfant, « que nous allions l’interroger. » Quand le pape le vit, d’un air affligé, il le prit par la main et le fit asseoir, et l’enfant commence à exposer son affaire : « Sire pape droiturier, voilà le moment de s’en aller, [3685] et puisque je ne puis séjourner ici, et que

  1. Cf. ci-dessus, p. 171 n. 2.
  2. Il est question de ce Guillem Porcellet dans une lettre écrite par le légat Milon au pape en 1210. Il y est dit que ce seigneur était le frère du meurtrier du légat Pierre de Castelnau, et qu’après le meurtre, le comte de Toulouse l’eut toujours comme commensal (Innoc. epist., l. XII, ep. CVI ; Mansi, Concilia, XXII, 798). Il figure à côté de Bertran Porcellet, qui sera mentionné plus loin (v. 3861) comme témoin en divers actes (p. ex. Papon, Hist. de Prov. II, pr. n° XXXVI).