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introduction, § v.

À part Aubri de Trois-Fontaines, les chroniques générales ne donnent sur la croisade que des indications sommaires dont il y a rarement quelque profit à tirer. Çà et là pourtant un mot où on sent l’impression des contemporains, comme ce passage de la chronique de Saint-Aubin d’Angers où il est dit que les croisés firent un carnage effroyable des hérétiques et des catholiques « qu’ils ne purent discerner[1] », funèbre commentaire du mot attribué au légat Arnaut Amalric par Césaire de Heisterbach : Cœdite eos, novit enim Dominus qui sunt ejus.


Il est encore un contemporain qui n’est pas un chroniqueur, qui n’a point écrit de lettre ni de relation quelconque au sujet de la croisade, mais qui cependant a occasionnellement glissé quelques témoignages précis et sûrs en des ouvrages où on ne s’attendrait guère à les rencontrer. Ce contemporain est Jean de Garlande, grammairien du xiiie siècle, dont la vie et les écrits ont été l’objet de nombreuses recherches, qui n’ont pas encore épuisé la matière. Jean de Garlande était né en Angleterre, mais il avait étudié et professé à Paris[2], et de plus il passa une partie de sa vie à Toulouse, où il professa dans l’université fondée en 1229 par l’évêque Folquet et par le légat du pape[3]. C’est là sans doute qu’il commença son poème De Triumphis Ecclesiæ, écrit à diverses époques et terminé à Paris vers 1252[4], où au milieu de matières aussi diverses que mal ordonnées se trouvent quelques données intéressantes sur la guerre des Albigeois, notamment dans les livres IV et V.

  1. Voy. II, 188, note 1.
  2. Voy. V. Le Clerc, Hist. litt., XXI, 372 ; Hauréau, Notices et extraits des mss., XXVII, II, 75.
  3. Voy. V. Le Clerc, Hist. litt., XXII, p. 89-95.
  4. Ibid., p. 95.