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croisade contre les albigeois.

des clairons, le son des trompes, les réjouit et les amuse jusqu’à l’aube du jour.

Cependant ceux de la ville leur[1] opposent de tels engins [4485] et combattent le donjon et la guette de telle sorte que le bois, la pierre, le plomb, sont consumés. À Sainte-Pâque est tendu le bosson, qui est long et droit et muni d’un fer aigu. Il frappe, tranche, brise jusqu’à tant que le mur s’écroule[2] [4490], les pierres de taille étant en maintes manières portées à terre. Ceux du château n’en furent pas découragés : ils firent un lacet de corde qui, lancé par leur engin, saisit la tête du bosson[3], au grand dépit de ceux de Beaucaire. [4495] Mais l’ingénieur qui avait tendu le bosson arriva, et [lui et d’autres] entrèrent en cachette dans la roche, pensant fendre le mur avec des pics émoulus. Ceux du

  1. On ne voit pas à quoi se rapporte ce « leur ». Il est possible qu’avant cette phrase un vers ou deux aient été omis, dans lesquels il était question des croisés renfermés dans le château ; il se peut aussi que lor signifie non pas « leur », mais « alors » (l’or).
  2. C’est une expression bien exagérée, puisqu’on va voir par la suite que la brèche n’était pas encore praticable. On pourrait sans doute, au lieu de fondutz, ruiné, écroulé, que porte le v. 4489, proposer fendutz, qui serait moins fort, mais le vers suivant et la réd. en pr. confirment le texte que nous avons.
  3. C’est à peu près le procédé du loup, décrit par Gilles de Rome dans son traité de re militari veterum ; ch. XXII : « Contra hanc autem [trabem ferratam = bélier] constituitur quoddam ferrum curvum, dentatum dentibus fortissimis et acutis, et ligatum funibus, cum quo capitur caput arietis, vel caput illius trabis ferrate ; quo capto perditus omnino aries est, ad superiora trahitur vel ita suspenditur ut magis nocere non possit. Unde est quod bellatores antiqui hujusmodi ferrum vocaverunt lupum, eo quod acutis dentibus arietem caperet » (Hahn, Collectio monum. veter. et recent. I, 64).