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croisade contre les albigeois.

tous prennent les armes et se garnissent eux et leurs chevaux, [4460] car voici que ceux de Marseille arrivent avec allégresse. Au milieu du Rhône chantent les rameurs ; à l’avant sont les pilotes, qui dirigent la manœuvre des voiles, les archers, les matelots. Les cors, les trompes, les cymbales, les tambours [4465] font retentir et résonner la rive et l’aube du jour. Les écus et les lances, l’onde qui fuit, l’azur, le vermeil, le vert et blanc[1], l’or fin et l’argent se mêlent à l’éclat du soleil et de l’eau, la brume s’étant dissipée. [4470] Par terre Ancelmet[2] et ses cavaliers chevauchent avec allégresse, à la lumière du jour, leurs chevaux garnis de housses, et l’oriflamme en avant. De toutes parts les meilleurs s’écrient Toulouse ! en l’honneur du révéré fils du comte qui reconquiert sa terre, [4475] et ils entrent à Beaucaire.

CLXIV.

L’entrée à Beaucaire [de ces renforts] leur[3] causa une telle joie que chacun se réjouit et se tient pour sauvé ; et par les tentes[4] on se répète qu’un renfort est venu à ceux de Beaucaire. [4480] Là-dessus ils s’apprêtent et se tiennent en état. S’armer et combattre est leur joie et leur salut. Le retentissement

  1. Sans doute les diverses couleurs qui ornaient les écus.
  2. Il venait de Marseille (voy. 3888), ayant sans doute, avec ses cavaliers, suivi depuis un certain point la voie de terre, sur la rive droite du Rhône, tandis que le gros de la troupe marseillaise remontait le fleuve en bateau.
  3. Aux habitants.
  4. C.-à-d. parmi les assiégeants qui vivaient sous la tente.