pris les armes contre la ville. Vous y dussiez faire votre entrée avec vos palefrois, [5000] sans haubert ni armes, vêtu de jupes d’orfrois, chantant, couronné de guirlandes[1], comme il convient au seigneur de la ville. Ce que vous ordonneriez, personne n’y contredirait. Mais voici que vous nous apportez l’effroi et un cœur de lion. — Barons, » dit le comte, « qu’il vous plaise ou non, [5005] en armes ou sans armes, en long ou en large, j’entrerai dans la ville, et je verrai ce qu’on y fait. Cette fois vous m’avez provoqué à tort. Vous m’avez enlevé Beaucaire, car c’est par votre faute que je n’ai pu le prendre ; de même le Venaissin, la Provence et tout le Valentinois, [5010] car en un mois j’ai appris par plus de vingt messages que vous vous étiez unis par serment contre moi[2], et que vous aviez des intelligences avec le comte Raimon pour qu’il reprît Toulouse, et qu’elle fût perdue pour moi. Par la vraie croix où Jésus-Christ a été mis, [5045] je n’ôterai pas mon haubert ni le heaume de Pavie jusqu’à ce que j’aie des otages choisis dans ce qu’il y a de mieux parmi vous ; et je verrai bien si on m’en empêchera ! » Ils répondent : « Sire, ayez pitié de nous, de la ville et de ses habitants. [5020] Nous ne vous avons pas fait tort pour un denier de Mauguio, et personne de nous n’a fait de
- ↑ Ce passage est pleinement illustré par un article de l’Ordo ad benedicendum ducem Aquitaniæ cité par Du Cange au mot Garlanda : « Princeps debet venire baronum comitatus caterva, et capite suo garlanda redimitus aurea, cujusmodi circulus aureus a capite ejus, cum ibi advenerit, amovebitur. »
- ↑ Cf. p. 259 n. 4.