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croisade contre les albigeois.

tout le comté, [5660] car du côté du Gave[1] on le lui a écorné en telle manière qu’il ne reçut pas la seigneurie du château de Lourdes. Puis il revint à Toulouse, où il a doublé le mal, faisant payer ses pertes aux justes comme aux coupables. Il réclama les contributions de ceux qui avaient quitté la ville, [5665] et ceux qui ne payèrent point, il les fit souffrir en leurs personnes, en leur avoir, en leur héritage[2]. Puis il rassemble ses hommes : il assiége Montgranier[3], le cœur plein de ressentiment et de colère. Il y trouva l’habile Rogier Bernart[4], [5670] et maint bon chevalier, bien garni et armé, des damoiseaux de bonne naissance, et force sergents choisis. Mais un malheur et un dom-

    au siége de Castelnaudari en 1220, et sa veuve épousa successivement Aimar de Rancon (1221) et Boson de Matas, seigneur de Cognac (1228), et mourut en 1239 (Vaissète, III, 295 ; d’Avezac, Essais histor. sur le Bigorre, I, 253-73).

  1. Le Gave de Pau passe au pied de Lourdes, du côté du sud.
  2. Aver désigne les biens meubles, heretatz les biens immobiliers, originairement transmis par héritage.
  3. Olhagaray (Hist. de Foix, Béarn et Navarre, p. 359), Marca (Hist. de Béarn, p. 747), Vaissète (III, 295), et ceux qui les ont suivis (par ex. M. Castillon, Hist. du comté de Foix, I, 281), mentionnent ce château sans en déterminer la position. D’après M. Garrigou (Études historiques sur l’ancien pays de Foix, 1846, I, 160), Montgranier serait identique à Montgaillard, commune du canton de Foix située à 5 kil. au S.-S.-O. de cette ville, sur la rive droite de l’Ariége, et près de laquelle existent encore les ruines d’un ancien château. Montgranier et Lordat paraissent avoir été les deux principaux châteaux du comte de Foix ; voy. Teulet, Layettes, nos 2003 et 2019. — Le siége de Montgranier est raconté avec détails par P. de V.-C. en. LXXXIV. Il dura du 6 février au 24 mars. Les défenseurs du château, manquant d’eau, furent obligés de capituler, et Simon, qui ne se rendait pas compte, au témoignage de P. de V.-C., de l’extrémité où ils étaient réduits, leur accorda la vie sauve.
  4. Fils du comte de Foix ; il succéda à son père en 1223.