conquérir Provence, il fait un travail d’araignée qui ne vaut pas un denier. » [5945] Le messager recueille les paroles [de la comtesse] et se met en route.
Cependant les hommes de la ville restent sur le terre-plein, et sur la belle place, près du rempart, ils font des lices, des barrières, un puissant mur de traverse, des échafauds, des archères, une tranchée de côté [5950] pour se faire des abris en arrière, à cause des carreaux que lançaient du château les archers. Et onques en aucune ville on ne vit si riches ouvriers[1], car là travaillaient des comtes et tous les chevaliers, des bourgeois, des bourgeoises, des marchands, [5955] les hommes et les femmes, les courtois monnayeurs, les garçons et les filles, les sergents et les trotteurs[2] ; chacun porte, ou pic ou pelle, ou léger.....[3], chacun a le cœur à la besogne. La nuit tous sont au guet ; [5960] les lumières et les flambeaux sont placés par les rues, tambours, timbres[4] et clairons font tapage. Les filles et les femmes témoignent de la joie générale par des ballades et des danses[5] chantées sur un air joyeux.
Cependant le comte prend conseil avec les autres chefs. [5965] Ils ont formé un chapitre, dont il y avait
- ↑ Cf. la même idée, v. 4009.
- ↑ Ou, comme on disait autrefois en français, des trote à pié, gens de basse condition que l’on voit accompagner les personnes à cheval, pour tenir, le cas échéant, leurs montures.
- ↑ Palagrilh ?
- ↑ Je conserve un mot de l’anc. fr. (tympanum).
- ↑ Il ne faut pas perdre de vue que balada et dansa peuvent signifier : 1° des danses, 2° les poésies qu’on chantait en dansant pour marquer la mesure.