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croisade contre les albigeois.

marais furent ensanglantés. Bernart de Comminges s’y est bien comporté, qui, avec sa brave compagnie, vaillant et attentif, du côté du Château où étaient leurs équipages, [6035] a fortifié et gardé les débouchés et les passages, en quoi il mérite louange et estime. — « Seigneurs, » dit Alain, « je vous vois tous rendus ; chevaliers, qui peut nous avoir surpris ? Comme voilà France honnie et notre prix perdu, [6040] quand une troupe méprisable nous a vaincus et mis en pièces ! Mieux vaudrait être tous morts ou n’être pas nés, puisque des hommes sans armes nous ont tous abattus. » Les Français se retirent, mais à l’intérieur il en est resté qui furent par la ville traînés et pendus. [6045] Et les vainqueurs s’écrient : « Toulouse ! le salut est venu ! » Désormais le bien commence et le mal s’accroît entre les deux partis[1].

CLXXXV.

Entre les deux partis s’est accru le tumulte. Hors de Toulouse est tout l’orgueil, toute la hauteur. [6050] C’est le comte qui gouverne Toulouse et la tient debout, car lui et son lignage y ont vécu de longues années. Dieu la lui a rendue, et il le fait bien paraître, puisque avec une faible compagnie et sans auxiliaires étrangers[2], dépourvu de tout, sans armes, rien qu’en agissant sur les cœurs [6055] il a chassé de là Français et Normands. Et le Seigneur miséricordieux envers les pécheurs qui pardonnent à autrui, maintenant

  1. Le bien pour les Toulousains, le mal pour les Croisés.
  2. Soudoyers.