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croisade contre les albigeois.

qu’il lui a rendu Toulouse, que le comte y a planté son oriflamme, puisse-t-il avoir l’œil sur raison et droiture, sur les torts et les tromperies, et entendre les plaintes de ses fidèles suppliants ! [6060] puisse-t-il défendre Toulouse et diriger ceux qui l’aiment ; car voilà que Gui [de Montfort] et Guiot[1] délibèrent, avec Foucaut, Alain, Hugues, Gui de Lévi, et je ne sais combien d’autres. Foucaut prend la parole le premier : « Seigneurs, je ne suis ni breton ni anglais ni allemand, [6065] et je vous parle roman d’une façon intelligible[2], écoutez-moi donc. Chacun de nous doit gémir et soupirer, considérant que nous avons perdu notre gloire et notre honneur, et honni nos parents et nos enfants, et la France entière, qui n’a pas éprouvé pire honte depuis la mort de Rolant. [6070] En effet, nous avons force armes, couteaux, épées, hauberts, armures, heaumes flamboyants, bons écus, masses, chevaux rapides ; et voilà qu’une gent vaincue, à moitié morte, ébranlée, sans armes défensives ni offensives, a réussi, en se défendant et en criant, [6075] à l’aide de bâtons, de masses et de pierres, à nous jeter dehors ; même que Jean, le meilleur homme d’armes de ma compagnie[3], y est resté. Mon cœur en sera à tout jamais ébranlé et soucieux jusqu’à ce que j’en aie pris vengeance avec mon tranchant épieu. [6080] Tout le monde

  1. Le neveu de Gui de Montfort.
  2. P. Cardinal disait de même (Las amairitz qui encolpar las vol) : « Les gens comprennent aussi peu ce que je dis que le chant du rossignol ; et pourtant ma langue n’est ni frisonne ni bretonne, et je ne sais parler ni flamand ni angevin. »
  3. C’est la première fois qu’il est question de cet individu.