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croisade contre les albigeois.

louse. Ils arrivèrent aux prés. Son frère vint à sa rencontre avec maint autre personnage, et là où ils se présentèrent règne un cordial amour. [6260] « Frère, » dit le comte, « comment se fait-il que vous n’ayez pas fait pendre les traîtres déloyaux, confondre la ville et incendier les maisons ? — Frère, » dit le comte Gui, « nous ne pûmes faire autre chose [que ce que nous avons fait]. Nous attaquâmes la ville et pénétrâmes dans ses murs, [6265] de façon à engager le combat avec eux dans les rues, et là nous trouvâmes des chevaliers, des bourgeois, des artisans[1] qui avec masses, avec piques, avec coignées tranchantes, en poussant des cris, en nous portant des coups mortels, vous ont par notre intermédiaire transmis vos cens. [6270] Gui[2], votre maréchal, peut bien vous dire quels marcs d’argent ils nous donnaient du haut en bas des fossés[3] ! Par

  1. La distinction des citoyens de Toulouse en chevaliers (ou nobles), bourgeois et artisans, déjà indiquée au v. 2996 (où toutefois les chevaliers ne sont pas mentionnés), ne figure pas dans les chartes toulousaines, mais n’en est pas moins très-réelle. Ces trois ordres formaient l’universitas ou communauté : « la commune, l’université, comprend trois classes de citoyens, savoir : 1° les milites, ou hommes de guerre ; 2° les burgenses ou les cives ; 3° les populares, menu peuple. » (Clos, Recherches sur le régime municipal dans le midi de la France, dans les Mémoires présentés à l’Acad. des Inscr., 2e série, III, 288 ; et p. 64 du tiré à part.) On retrouve aussi à Perpignan la division des citoyens en trois classes ou mains ; voy. Henry, Rech. sur la constit. munic, de Perpignan, dans les Mémoires précités, 2e série, I, 235 et suiv.
  2. Voy. p. 43 n. 3.
  3. Le sens de « fossé » est hypothétique. P.-ê. faudrait-il traduire canal, dans tous les cas où il se rencontre dans le poème (voy. le vocab.) par « chemin » ; voy. Du Cange, canalis. La trad. de Fauriel « de dessus les toits » est un peu libre.